Les sanglots ivres
(Parenthèse)
J’attends encore ta lettre...
Le ciel bleu s’est couché ;
Elle n’arrivera pas aujourd’hui,
Je le sais depuis des heures,
Mais j’y pense toujours.
Et demain matin
Tout recommencera,
J’irai de ma chambre
A la boite aux lettres,
De la boite aux lettres
A la chambre,
Les mains vides...
J’ai tant besoin de tes lettres.
Ecris-moi, j’attends, écris-moi.
Pourquoi arrêter ?
Pourquoi maintenant ?
Quand j’ai tant besoin de vous.
Mademoiselle, ne m’oubliez pas
Comme s’efface une blessure.
Je suis isolé et les ponts de mon cœur
S’effondrent, blocus à mon âme.
Pourquoi ses lettres n’arrivent-elles pas ?
Il suffit de si peu pour m’éveiller,
De fines courbes bleues sur une feuille blanche,
Des mots,
Derrière les mots, des yeux
Qui murmurent leurs sentiments.
Mais rien ne vient,
Pas de mots, pas de regards,
Rien pour moi,
Que le droit de respirer
La bouche vide,
Les yeux pleins.
Les sanglots ivres
Imaginent un mot, un billet, une lettre
Que mes mains ont hâte de froisser.
Tous mes sens l’attendent
Pour se libérer de l’oppression des sanglots ivres
Et enfin revivre.
J’attends, j’attends toujours...
On est dimanche, pas de courrier,
Normal.
Vivement demain,
Si vous venez,
Si elle vient.
11-07-93, Brignoles
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