Je suis pauvre, si pauvre
Que Dieu pleure sur ma vie.
Lui aussi a cru en ma folie.
Il est pauvre, si pauvre,
A force de donner son amour,
Qu’il sait bien...
Que l’Amour n’existe plus,
Que les poètes sont des putains de menteurs.
Que l’humanité est foutue,
Qu’elle va sonner la Dernière Heure.
Je suis le témoin privilégié,
J’ai été choisi pour souffrir.
J’ai balancé mon âme à pleines poignées,
J’ai eu beau faire, elle n’a pas su pourrir.
Enfermé entre ces humains,
Qui ont confondu jouissance et plaisir,
Ont échangé honneur contre pouvoir,
J’étouffe, pourtant je ne peux mourir.
Je ne peux même pas cesser de croire,
Et j’insulte le destin.
En moi l’Amour agonise
Et m’emporte avec lui,
Avant que la vie ne le banalise,
En marchandise, en ennui.
Comment savoir où il m’entraîne ?
Moi qui ne sait rien,
Et l’apprends tous les jours.
J’ai eu ce stupide espoir,
(Mais Dieu refusa de croire)
D’avoir rêvé ces tristes jours
Qui voyait la fin du Bien.
Mais le pire a mérité son règne.
Il a pris l’homme dans ces filets,
Et la femme dans son miroir.
Je sais vous n’allez pas y croire
Mais votre déchéance est tout ce qu’il y a de vrai.
Je sais, je ne sais rien,
Et je l’apprends tous les jours.
Mais je savourerai votre fin,
En pleurant sur mes amours.
Quelque chose... ou quelqu’un,
Me demande, douce voix, d’avoir pitié.
Un dernier élan pour vous aider,
Mais moi, je ne sais rien...
Je suis une erreur,
un fossile, Ce que l’amour a pu sauver, Sur six milliards d’imbéciles, Un seul rêveur, un seul
paumé.